Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -20%
-20% Récupérateur à eau mural 300 ...
Voir le deal
79 €
Le deal à ne pas rater :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à -50% (large sélection)
Voir le deal

Partagez
 

 Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Pernelle Grâce
La Grenouille semi-muette
Pernelle Grâce

Messages : 21
Date d'inscription : 13/02/2014

Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. Empty
MessageSujet: Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous.   Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. EmptyLun 24 Fév 2014 - 14:23

Pernelle déposa le dernier flacon de sa fabrication du jour sur le faux-arbre qui faisait office de présentoir. Puis elle fit quelques pas en arrière, pour jeter un coup d’œil à l’ensemble. Sourit. Le résultat était la hauteur de son imaginaire, ce qui n’était pas simple. Il faut dire qu’elle n’avait pas lésiné sur le travail. Ni sur l’argent dépensé. Quiconque rentrerait à présent dans sa parfumerie se croirait en pleine forêt de Brocéliande. En premier lieu elle avait détapissé l’horrible orange laissé par l’ancien propriétaire. Ce travail acharné lui avait demandé une journée entière. La nuit suivante elle avait interrogé les sites internet pour apprendre les techniques de peinture afin de donner quelque chose de propre. Le lendemain même elle fouinait les boutiques de peinture et osait même demander conseil aux vendeurs. Aux vendeuses, à vrai dire, dans la mesure du possible. En rentrant, nul repos pour la demoiselle, elle commençait déjà. Une couche de peinture vert forêt avec un effet éponge pour donner du relief. Venant d’un professionnel le rendu aurait sûrement été bien plus exceptionnel, mais elle s’en fichait. Car les murs n’étaient que l’arrière plan de son visuel. Voyant que le plancher de bois avait une teinte qui se mariait bien avec les murs, elle le garda et se contenta de le nettoyer et de le lustrer. Profitant que la salle soit vide, elle fit venir son matériel par des déménageurs. Elle possédait effectivement un stock conséquent de distillateurs et autres matériaux nécessaire à la fabrication de parfum. La modernité permettait la mobilité et la réduction des tailles de ces engins qui autrefois prenaient une pièce complète. Néanmoins elle installa le tout dans la pièce annexe qui servait de réserve à l’épicier d’antan. Ses formules devaient rester secrètes et elle n’aimait pas l’idée d’être épiée en train de travailler. Dans cette pièce-ci elle avait opté pour un mur couleur chocolat, l’esprit tourné vers son frère. Puis, elle s’était décidée à faire appel à plus qualifié qu’elle. La couleur des murs ne suffisait pas à donner l’illusion de Brocéliande.
Elle n’en appela pas pour autant un inconnu. Elle passa un coup de téléphone à ses parents afin d’obtenir le contact d’un petit cousin qu’elle savait habiter près de la région. Cousin de Dorn qui était sculpteur. Elle ne se souvenait que peu de lui, ne l’ayant côtoyé que gamine, à l’époque où le restaurant de ses parents ne leur prenait pas tout leur temps et leur permettait donc de prendre des vacances pour visiter la famille. Tout juste si elle se souvenait de son nom. Naël, croyait-elle se remémorer. Son père lui confirma celui de Gaël et lui donna les coordonnées de ses parents, faute d’avoir les siennes. Elle passa donc par ses cousins, ayant l’âge d’être ses parents, pour enfin parvenir à joindre Gaël. Il accepta de bon cœur.

Il vint trois jours plus tard, le cœur joyeux de revoir un membre de sa famille. Ils ne se connaissaient pas vraiment, mais l’amicalité s’installa assez vite, pas le peu de différence d’âge. Vingt-six ans, légèrement plus vieux qu’elle alors qu’elle l’appelait petit cousin, s’en était assez étrange, mais histoire banale de famille. En tous cas il comprit très vite ce qu’elle désirait et fit un travail exemplaire. Il lui sculpta des faux arbres, dénué de feuilles, aux branches suffisamment plates pour servir d’étagères et les agrémenta de petites lampes qui ressemblaient à ses lucioles. Il en fit plusieurs, de toutes les tailles, dont les deux plus grands s’enlaçaient au plafond, parfaitement symétriques à la pièce. Même le bureau d’accueil était fait ainsi. Il lui fit également quelques fleurs de verre, maitrisant également cet élément fragile, qui virent se refléter avec grâce dans les lueurs des lampions. Gaël n’était pas seulement doué, il avait un talent. Aussi un profane ne verrait en ce lieu qu’une décoration très bien faite et féérique, alors qu’une Famille aurait l’illusion de marcher dans de l’herbe et d’entendre le chant des oiseaux et le bruissement du vent. De la magie. De la magie pour favoriser son propre talent à elle. Bien qu’il voulu lui faire un prix d’ami, elle le paya grassement, émue de cette ambiance qu’il lui offrait. Il partit, attendu chez lui, mais elle l’invita à revenir quand il le souhaitait et promit de confectionner un parfum pour sa femme, en remerciement.
Elle n’ouvrit pas de suite, pourtant. Concentrée dans ses formules, elle envoya le flacon promis à Gaël. Sa femme en fut plus que ravie, car il lui donnait l’impression d’être légère et fine alors même qu’elle portait des jumeaux depuis six mois. Le cousin, lui, l’appela pour lui interdire de vendre de pareilles merveilles dans des flacons si ordinaires. Une autre petite semaine plus tard elle reçut des caisses pleines de récipients en verre, de formes diverses et variées, afin de mettre en valeur ses liquides, fait par la main de Gaël. Elle lui renvoya un contrat de partenariat afin de s’approvisionner officiellement chez lui pour son commerce.

Elle venait donc de poser une cerise de verre contenant sa dernière formule, lorsqu’elle se décida à tourner la pancarte indiquant que la boutique était fermée. Ouvert. Enfin. Le renouveau. Bercée par le leurre des pépiements, elle se recueilli un moment dans son laboratoire pour y verser quelques larmes en incognito. La fatigue, le soulagement et le manque la travaillaient. Mais comme à son habitude elle encaissait, gardait tout en elle et ne déversait ses ressentis qu’en silence. Elle pensait enchainer les travaux de son magasin avec la décoration de l’appartement qu’elle occupait au dessus, mais pensa objectivement qu’il valait mieux qu’elle se repose un peu, avant. Elle irait en douceur, ou engagerait quelqu’un pour souffler et se consacrer à son métier. A l’instant elle avait envie de chocolats, ceux qui lui faisaient Caleb. Il y plaçait tellement d’amour qu’ils la calmaient automatiquement et la faisait sourire sans raison particulière. Même rire, parfois. L’odeur sucrée du chocolat au lait et celle plus fraiche de la menthe lui parvinrent. Elle secoua la tête. Allons bon, voilà qu’elle sentait les souvenirs à présent. Jusqu’ici seul la rose avait suffisamment d’impact pour lui revenir au nez de la sorte. Un léger bruit l’interpella. Comme si on venait de claquer une porte. Elle avait complètement oublié d’y installer la clochette d’entrée ! Elle se précipita donc à côté, soucieuse de ne pas louper son premier client, mais n’y trouva personne. Personne, mais pas rien.

En évidence sur le présentoir, à côté de la caisse, une petite boite. Boite recouverte de tissu violet et d’un nœud noir qu’elle reconnaitrait en milles autres. Le cœur battant elle l’ouvrit, sachant d’avance quoi y trouver. Des chocolats. Ceux au lait et au caramel au beurre salé, ainsi que les noirs à la menthe : ses préférés. Fébrile, elle en prit un. Le sentit, puis le glissa entre ses lèvres. Paupières clauses et humides elle le laissa fondre sur sa langue. Puis se ressaisit. Caleb était là !
Elle sortit en ouvrant grand la porte et inspecta la galerie marchande. Elle ne le voyait pas. Devenait-elle folle ? Après tout son jumeau n’avait aucune raison d’être ici. Et puis, elle l’aurait vu, s’il avait migré à Muzenn. Elle l’aurait su. Le doute s’installa. Elle venait de passer deux semaines enfermées, n’était sortie que pour aller chercher des ingrédients dans la forêt. Une fois. Le premier jour. Son frère pouvait très avoir emménagé ici et même ouvert boutique sans qu’elle ne s’en rende compte. Ce qui la couvrit de honte. Allait-elle finir agoraphobe ? Vieille fille ne sortant pas de chez elle ? Qu’importe. A l’instant même il lui fallait retrouver Caleb.
La pancarte n’aura été au vert que l’espace de quelques minutes, pauvre d’elle. Pernelle attrapa son manteau de mi saison, son sac à main, et se promit d’accrocher la clochette en revenant. Elle ferma la porte à clef et sortit. Pour la deuxième fois depuis son arrivée. L’après-midi avançait à grand pas, et le beau temps amenait du monde pour flâner le long des magasins. Mais elle savait très bien où trouver Caleb. Elle n’avait qu’à suivre l’odeur du chocolat.

Elle était si présente qu’elle en rit. Rit de voir que la chocolaterie fraichement ouverte n’était qu’à trois échoppes de la sienne. Elle avait décidé de partir seule pour prendre son indépendance, mais l’avait regretté à l’instant même où ses pieds avaient enjambé les marches du train. Caleb lui manquait de trop. C’était comme un énorme vide dans tout son être. Essoufflée d’impatience, elle franchit le seuil du paradis de la gourmandise. La première personne qu’elle vit ne fut pas son frère, mais une vendeuse. Son sourire retomba aussitôt et elle se prit même à lui décerner un œil mauvais.

-Où est mon frère ?

Le ton n’avait rien d’amical. Elle ne saurait dire pourquoi, mais cette fille ne lui inspirait guère de bonnes choses. Peut-être juste parce qu’elle aurait voulu voir en premier les yeux verts si reconnaissables de son ainé. Ainé de quelques minutes, ou heures, elle ne savait plus.

-Et qui est votre frère ?

Pernelle haussa un sourcil, se demandant si elle se foutait de sa gueule ou pas. S’ils étaient faux jumeaux par leurs sexes, la ressemblance était tout de même frappante. Et puis, de qui d’autre que de Caleb pouvait-elle bien parler, là, à l’instant, dans cet endroit ? Son frangin avait-il choisi une demeurée pour tenir l’accueil ? Elle dut enfin comprendre sous le visage insistant de la jolie blonde car elle marmonna un « j’vais l’chercher » et quitta place.
Caleb eut tout juste le temps d’apparaitre qu’elle courut se lover dans ses bras. Elle colla son nez contre son cou pour s’enivrer de son odeur corporelle. Puis elle se recula très légèrement, mais vraiment le plus légèrement possible et prit son visage entre ses mains. Elle sourit, émue. Ce fut sans doute l’émotion également qui la fit partir dans un grand rire. Grand rire dans lequel elle fut très vite rejointe par le jeune homme. Il la souleva et la fit tournoyer, ce qui eut pour effet de redoubler son rire cassé. Lorsqu’il la reposa enfin elle prit ses mains et les serra avec tout l’amour du monde.

-Pourquoi ?

Pour la toute première fois depuis son agression, Pernelle posait une question dont la réponse ne lui importait pas du tout. Elle demandait juste pour le faire parler, pour entendre sa voix. Pour que tous ses sens lui confirment qu’il s’agissait bien de lui, qu’elle ne rêvait pas. Et qu’ils continueraient à être ensembles, pour la vie. Au diable l’indépendance.



[I love you  Love  I love you]
Revenir en haut Aller en bas
Caleb Grâce
Caleb et la Chocolaterie
Caleb Grâce

Messages : 25
Date d'inscription : 19/02/2014

Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. Empty
MessageSujet: Re: Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous.   Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. EmptyDim 9 Mar 2014 - 11:34

Le liquide d'or glissait sur le chocolat froid. Tout était parfait. Encore une fois. Caleb ne se lassait pas de ces filets d'or qui se déroulaient sur ses créations miniatures. Certes, il avait crée ces chocolats depuis longtemps, il avait le coup de main. Mais c'étaient ceux qu'il affectionnait le plus. D'un noir presque parfait, de légères rayures dorées venaient raffiner le tout. Appétissant pour les yeux et le ventre.
Caleb, dans l'arrière salle qu'il avait arrangé comme étant son laboratoire, observait ses tiroirs à la recherche de quelque chose. Là. Il tira un tiroir pour en ressortir un ruban. Noir profond. Il ferma la boite où il venait de déposer délicatement une bonne quinzaine de chocolats et l'emballa.
Les boucles du ruban étaient parfaites. Une odeur de menthe s'échappait de la petite boite violette. Ses chocolats préférés. Bientôt il pourrait la serrer dans ses bras, bientôt il retrouverait son sourire. Celui de Pernelle.

- Monsieur Grâce ? Vous m'avez appelée ?

Une tête rousse dépassait de l'encadrement de la porte. Le chocolatier tourna son regard vers elle, accusateur. Il lui avait dit cent fois de ne pas le déranger lorsqu'il créait. Devait-il mettre un verrou pour être enfin tranquille ? Peut-être après tout. Il y penserait plus tard.

- Ahna, j't'ai dit de m'appeler Caleb. J'suis ton patron, mais j'ai pas cinquante ans.

Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas l'appeler par son prénom, mais si elle le faisait, cela voudrait dire qu'ils pouvaient devenir amis. Et elle ne supportait pas le caractère de l'homme. Elle avait le même et se voyait en lui. Elle et son passé. A chaque fois qu'elle voyait son regard vert intense, elle n'avait qu'une envie. Se ruer sur lui, lui mettre une paire de claques et partir en claquant la porte. Elle avait cependant besoin de ce travail. Et puis, l'homme avait le même tempérament. Elle ne pensait pas pouvoir s'en sortir indemne si par malheur elle réussissait à faire ce qu'elle venait de penser. Elle le ferait donc jamais. Elle l'espérait.

- Tu voulais ?

Accentuant volontairement le “tu“, son regard était devenu plus dur. Elle devait néanmoins avouer que le tutoyer lui enlevait une épine du pied. Ils avaient presque le même âge, c'était étrange de l'appeler “monsieur“.

- Le livreur arrive tous les mardis, donc aujourd'hui. J'ai des courses à faire, mais s'il arrive pendant que j'suis pas là, donne-lui cette liste.

Caleb tendit une feuille gribouillée à son employée. L'écriture n'avait jamais été son fort.

- Il saura quoi faire.

La tête rousse disparut de l'encadrement lorsque la clochette tinta à l'entrée. Des voix commencèrent à converser. Un client. Les affaires commençaient à s'envoler.
Caleb se leva alors, prit la boite noire, sortit de son laboratoire et ferma la porte. Il salua l'homme qui parlait à Ahna avant de sortir de la boutique en faisant vibrer la clochette. Regard à droite, regard à gauche. Où pouvait bien se trouver la parfumerie... Où se trouvait Pernelle ? Il n'en savait rien, ayant oublié de regarder sur une carte de Muzenn. Ou de demander. Il ne connaissait pas encore très bien les rues de Muzenn. En plus de cela, il venait de détruire son téléphone, il n'avait donc aucun moyen de se repérer rapidement. Il lui faudrait faire un tour pour connaître les lieux. Jeanne lui avait parlé d'un pub, il pourrait y aller dans les prochains jours, le monde devait grouiller là-bas.
Caleb frissonna. Sans réfléchir, il commença à marcher sur le trottoir. Rapidement, il vit une enseigne brillant de la patte de sa jumelle. C'était sa boutique. Enfin.
Devait-il entrer ? Lui offrir un sourire familier et attendre qu'elle se jette dans ses bras ? Elle était partie seule et n'avait pas voulu qu'il vienne. C'était à elle de décider de l'instant de leurs retrouvailles. Il ne l'appellerait donc pas, il attendrait. Son regard tomba sur la petite boite violette. Sourire en coin. Caleb entra dans la parfumerie sans jeter plus d'un regard à l'intérieur, posa la boite en évidence et partit. Simplement. Elle savait à présent qu'il était en ville.

Caleb eut vite fait de rentrer, trois magasins seulement séparaient les jumeaux. Quel incroyable coup de chance, par ailleurs. Ils ne seraient jamais loin l'un de l'autre.
L'homme entra dans sa boutique et vit Ahna encore occupée avec son client, elle lui faisait un paquet cadeau. Sans un mot, il pénétra dans l'arrière-boutique. Il avait encore tant à faire. Les vitrines n'étaient pas encore pleines, il fallait qu'elles le soient. Qu'elles soient comblées de pièces toutes aussi impressionnantes les unes que les autres. Pourquoi pas une représentation de la ville de Muzenn ? Pourquoi pas... Il sortit une feuille de papier afin de travailler sur ce nouveau projet qui venait de naître dans son esprit. Il ferma les yeux et sa main commença à dessiner des courbes sur le papier quand soudain une voix résonna dans la boutique. Non, pas une voix. Sa voix. Caleb resta figé durant quelques secondes ; elle était venue dès qu'elle avait vu la boite. Leur lien était toujours aussi fort.

Se levant dans un silence parfait, il se campa sur le pas de la porte de l'arrière-boutique. Elle était là, le regard brûlant, face à Ahna. Pernelle. Elle était là, devant lui, mais elle ne l'avait pas encore remarqué... Ahna venait le chercher. Il disparut quelques secondes derrière la porte. La rousse se cogna presque à lui tant il était prêt de la porte.

- Une fille veut te voir, ta soeur apparemment.

Il sourit. Sa soeur, sa jumelle. Il était curieux de voir si elle lui sauterait au cou avant ou après avoir prononcé un mot. Il eut sa réponse dans la seconde, à peine fut-il entré dans la boutique que Pernelle sauta à son cou pour le serrer fort et ne plus le lâcher. Il lui rendit son câlin. La jeune femme se recula de quelques centimètres afin de prendre le visage de son frère entre ses mains. Elle observait son sourire, il faisait de même.
Elle rit, il la suivit bien vite. Ahna avait disparue, rien qu'eux existaient à présent. Leurs rires résonnaient fort, enlacés, Caleb ne put résister à la porter dans les airs, à la faire tournoyer. Qu'est-ce qu'elle lui avait manqué ! Il la reposa, elle prit ses mains. Toujours aussi froides. Il avait toujours eu les mains plus chaudes qu'elle.
Elle posa une question d'un unique mot. Il lui sourit.

- J'ai entendu dire qu'il y avait de grands fans de chocolat à Muzenn, c'était donc la meilleur destination pour un chocolatier de ma trempe. Tu me connais, j'aime me lancer des défis. Et ici, plusieurs amateurs en ont à me donner.

Il l'observait, son sourcil qui se fronçait tout seul comme si elle tentait de lui dire qu'il arrête de se moquer d'elle. Ils avaient appris à lire dans le comportement de l'autre, ils ne pouvaient rien se cacher. Après, il était vrai que cette explication ne tenait pas du tout la route, mais qu'importe. Il aimait bien l'embêter. C'était le rôle d'un frère après tout. Il lui fit un bisou sur la joue.

- Mais j'plaisante, tu sais très bien que j'peux pas me passer de toi.

Il l'entraina alors dans l'arrière-boutique afin d'être tranquilles, il n'aimait pas particulièrement le fait qu'Ahna les écoute. Il la fit s'assoir sur sa chaise alors qu'il posa ses fesses sur sa table de travail, juste à côté d'elle.

- Raconte-moi tout, je veux savoir tout c'que t'as fait !






[ Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. 2606438399]
Revenir en haut Aller en bas
Pernelle Grâce
La Grenouille semi-muette
Pernelle Grâce

Messages : 21
Date d'inscription : 13/02/2014

Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. Empty
MessageSujet: Re: Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous.   Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. EmptyJeu 20 Mar 2014 - 20:10

Elle aurait voulu que jamais ses pieds ne retouchent le sol. Rester légère et heureuse dans les bras de son frère et avoir cette impression de voler, paisiblement. Mais à vrai dire, à présent qu'il était là, devant elle, il lui suffisait de se perdre dans ses yeux pour se sentir apaisée. Elle parvenait tout juste à y croire. Avait-il senti le même manque dans son cœur ? Celui qui lui criait chaque seconde, depuis son arrivée à Muzenn, de faire demi tour pour retrouver ses bras. Le plus beau, dans l'histoire, était de savoir qu'il ne repartirait pas. Ce n'était pas une simple visite, sa boutique le prouvait. Caleb tout craché. Il ne faisait jamais les choses à moitié. Excitée comme une puce, elle ne tenait plus en place, bien loin de la Pernelle réservée d'ordinaire. En réalité elle lui était réservée.
Elle le laissa se pavaner dans ses plaisanteries, se contentant de le regarder d'un air amusé, bras croisés. Il avait tellement l'air à l'aise en toutes circonstances ! Sûr de lui, sans être trop prétentieux, il émanait une aura de charisme très impressionnante. Ce n'était pas Caleb qui se retrouverait mis à l'écart en société ou qui se figerait d'intimidation face à une forte de tête. La parfumeuse l'enviait pour cela. Elle voudrait pouvoir faire taire cette peur de l'inconnu, et plus particulièrement des inconnus. Aller de l'avant et qu'on dise d'elle qu'elle était douée et ambitieuse, tout comme son jumeau. Parce qu'elle était ambitieuse, tout autant que lui. Et douée. Certes la profanation des lieux la bloquait pas mal dans son talent, mais l'Egypte l'avait révélé. Logés dans un petit village très croyant des légendes et superstitions, juste à côté des grandes pyramides, elle avait pu se libérer de toute enclave et briller. Sa sensation de toute puissance n'était retombée qu'à l'échec de la treizième note. Ajouter le fameux accord supplémentaire de l'amphore du Pharaon avait annihilé toute magie. Elle gardait encore la frustration au fond de sa gorge et s'était promis de résoudre ce mystère. Les autres parfumeurs parlaient d'invention, d'une légende qui ne pouvait donc être réalisée, puisque légende. Pernelle, elle, y voyait un défi à relever pour devenir la meilleure, la plus réputée, celle que tout le monde s'arracherait. Elle pourrait dompter ce monde là avec ses âmes odorantes.

Le baiser claqua sur sa joue avec passion et elle sourit de plus belle. Son cœur se réchauffait de sa présence et de son amour. Il avait donc bien senti la même géhenne. L'un ne pouvait se passer de l'autre et l'autre ne pouvait se passer de l'un. Ils formaient le mythe d'androgyne. Au commencement on trouvait des êtres humains doubles : mâle/mâle, femelle/femelle et l'androgyne mâle/femelle. Provoquant la colère des dieux ils furent séparés en deux, condamnés à errer toute leur vie à la recherche de leur moitié. Certain ne la retrouve jamais, d'autres tôt, d'autres tard. Quelques rares ne sont pas déchirés. Pernelle et Caleb faisaient parti de ceux là. C'est ce qu'elle croyait, en tous cas, au plus profond de son cœur.
Elle se laissa entrainer dans l'arrière boutique sans broncher. Comme elle son frère aimait la tranquillité et un espace disponible pour se recueillir dans l'Art. Elle prit place sur la chaise, tandis que le jeune homme s'asseyait, nonchalant, sur le bureau. Il n'avait pas changé, le corps toujours aussi souple et gracieux, bien moins tendu qu'elle. Elle s'attendait à l'écouter, à boire ses paroles, comme toujours, ses prunelles admiratives rivées dans les siennes. Mais lui ne voulait pas de l'habitude. Il l'incita à raconter. A utiliser sa voix brisée pour mettre des mots sur leur séparation. Elle soupira, haussant des épaules.

-Je suis sortie en boite tous les soirs, j'ai ramené un homme chaque soir et j'ai fais tant de connaissances que je suis déjà la plus populaire de village !

Elle dégusta les quelques secondes durant lesquelles les yeux de son frangin vrillèrent d'hésitation. Puis elle éclata de rire. Ce qui lui fit mal, très mal aux cordes vocales. Mais elle s'en foutait. Souffrir pour lui était bien la plus légère des peines.

-Tu me connais. A ton avis, qu'est-ce que j'ai bien pu faire loin de toi ?

Rien. La réponse était triste, pathétique et presque honteuse. Mais rien. Elle ne pouvait rien faire loin de lui. Elle s'était enfermée chez elle au point de ne même pas s'apercevoir de l'arrivée du chocolatier. Sortie le premier jour, première rencontre déjà exceptionnelle, même extraordinaire pour elle, à l'en faire peur, elle n'avait pas remis ensuite les pieds à l'extérieur en dehors du nécessaire : courses et aménagement de la boutique.

-J'ai une chouette boutique. Et j'ai vu un Clown.

Un Clown qui l'avait bien trop vu en retour, d'ailleurs. Mais elle ne désirait pas s’épancher là-dessus. D'une, elle ne voulait pas inquiéter sa moitié. De deux cette jeune fille étrange avait vu ce que lui n'avait jamais su. Pas tout, juste une partie. Mais suffisant pour que ce soit gênant. Pour Caleb, comme pour elle-même. Elle chercha donc autre chose, un autre événement à raconter pour ne pas s'attarder sur le saltimbanque.

-Ah si. J'ai revu Gaël. Notre petit cousin. Je ne l'aurai pas reconnu dans la rue, ça fait si longtemps. Il est sculpteur. C'est lui qui m'a aidé pour la boutique.

Elle replia ses genoux contre sa poitrine, joignant ses pieds sur la chaise et posa son menton contre ses rotules.

-C'est un gentil garçon. Marié à une Dorn aussi. Ils attendent des jumeaux.

Jumeaux. Ce mot était si beau, si mélodieux, si fort à ses oreilles. Ses iris se fixèrent dans celles de son double, l'empêchant ainsi de regarder ailleurs.

-Tu crois qu'ils seront comme nous ?

Elle savait pertinemment que tous les jumeaux, particulièrement ceux appelés les « faux jumeaux » n'étaient pas automatiquement si proches. Pas passé l'adolescence, surtout. « Faux jumeaux ». Elle détestait ce terme. On n'était pas faux, comme on n'était pas demi-frère ou demi quoi que ce soit. Il n'y avait rien d'éronné dans leur relation, bien au contraire. Maman leur avait une fois reproché d'être trop fusionnels, trop dans leur « bulle » et d'oublier les autres. Papa avait pris leur défense en argumentant que Caleb était plus que social, que c'était juste Pernelle qui avait encore besoin d'un peu de temps pour s'épanouir. Rien de grave. Toutes les fleurs ne s'épanouissaient pas ensembles. Certaines s'ouvraient plus tard et faneraient donc plus tard. Elle l'avait remercié d'un sourire, ce jour là. Elle aimait être comparée à une fleur solitaire. Et haïssait qu'on critique la proximité entre son frère et elle. De la mauvaise foi, sans doute, pour cacher la réalité, celle qui lui chuchotait que trop compter sur lui la mènerait à sa perte. Perte d'identité. Mais ils formaient une seule et même identité, l'androgyne. C'était en se séparant qu'ils risquaient de se perdre. Et pas autrement.
Elle quitta sa chaise pour venir se lover contre lui, plongeant ses narines dans son torse pour en sentir la menthe poivrée qui émanait de sa peau. Ses mains virent se joindre derrière son dos et elle resta ainsi un moment. Puis elle se décida à sortir ce qui lui pesait lourd sur le cœur.

-Je suis cassée. Et la colle ne tient toujours pas.

Fini le rire, mais toujours pas de larmes. Jamais devant lui. Jamais devant qui que ce soit.

-Je ne suis bonne à rien, pas vrai ? A rien d'autre qu'à me cacher en attendant que tu me trouves.

Elle avait peur. Peur que sa mère ait raison à dire qu'elle ne s'en sortirait jamais seule. Elle avait eut cet espoir en quittant Lyon. Mais soyons réalistes, si Caleb n'était pas venu, il n'aurait pas fallu longtemps pour qu'elle l'appelle ou fasse demi-tour. Si elle continuait ainsi, elle ne serait plus la moitié du garçon, mais juste son ombre.
Revenir en haut Aller en bas
Caleb Grâce
Caleb et la Chocolaterie
Caleb Grâce

Messages : 25
Date d'inscription : 19/02/2014

Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. Empty
MessageSujet: Re: Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous.   Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. EmptyDim 27 Avr 2014 - 11:47

Rencontrer... des personnes ? Caleb ne put retenir une moue étonnée. Non pas qu'elle ne pouvait en rencontrer, bien au contraire, il en serait plus que ravi. Pernelle était timide, elle ne rencontrait pas les gens. Ils venaient à elle, rarement. C'était pour cela que son frère se faisait également du soucis pour elle. Il avait depuis longtemps remarqué sa façon qu'elle avait de les repousser. D'un simple geste, d'un simple regard. Les jumeaux étaient deux faces d'une même pièce. Ils s'aimaient d'un amour infini, mais ne possédaient aucune ressemblance. Hormis leur physique.
Caleb hésita un instant devant l'air sérieux de sa soeur avant qu'elle n'explose de rire. Un rire coincé, cassé. Le chocolatier la rejoignit dans son rire, heureux de l'entendre plaisanter. Transporté par son rire. Ils se calmèrent, Pernelle reprit la parole. Sa voix éraillée était le seul son qui parvenait jusqu'aux oreilles du jeune homme. Il l'écoutait sans réellement l'écouter, trop occupé à détailler le moindre de ses souffles, le moindre de ses gestes. Son corps dansait, ses yeux brillaient et sa bouche courait. Ses lèvres... Cela faisait depuis des années qu'il ne les avait vu filer autant de phrases. Depuis bien trop longtemps. Il s'était habitué à son silence et ne l'avait jamais forcée à prononcer ne serait-ce qu'un seul mot si elle ne le voulait pas. Même s'il aurait voulu avoir de grandes et longues discussions avec elle.

Et là, elle parlait alors que lui ne disait mot. Peu importait Gaël, peu importait sa femme. Toutes ses phrases passaient devant lui sans que son esprit n'arrive à en agripper une seule bribe. Un unique mot retint son attention. Jumeaux.

- Je le leur souhaite.

Cette réponse donnée, Pernelle se leva. Pour venir se blottir dans les bras de son grand frère de quelques secondes. Sa petite tête se posa délicatement sur le torse fort du chocolatier. Une fleur se déposant sur le puissant fleuve. Caleb sentit le souffle de sa soeur dans son cou. Elle sentait son odeur. Etait-ce étrange ? De l'extérieur peut-être. Pas pour eux. La jeune femme avait toujours fait ça ; elle s'imprégnait de l'odeur de son frère. Menthe poivrée. Leurs mains se joignirent derrière le dos de leur jumeau dans un même temps. Ils étaient à nouveau réunis, enfin. Son âme semblait être à nouveau complète. Pernelle le complétait et il la complétait. Deux faces d'une même pièce. Deux âmes destinées à se retrouver sans cesse. L'androgyne. Pernelle avait toujours adoré ce mythe.

Les mots qu'elle prononça à la suite sonnèrent différemment. Caleb les entendit plus clairement que n'importes quels autres syllabes qu'elle aurait pu laisser s'échapper.
Cassée...
Il l'avait toujours su, il l'avait toujours senti. Pernelle n'avait plus été la même du jour au lendemain. Muette. Cela ne pouvait être qu'une cassure. Et il ne savait pourquoi, il le sentait dans ses tripes, dans tous ses frissons, il savait que c'était encore un traumatisme pour elle. Pourtant, il ne savait rien. Elle ne lui avait jamais raconté. Bien sûr, au début, il avait été un peu vexé, parce qu'il aurait tout fait pour lui donner sa force, lui donner son courage. Il aurait prit sa peine, son chagrin, son mal. Mais elle n'avait plus parlé. Petit à petit, il s'était contenté d'être là pour elle, de lui sourire, de la faire sourire. Il avait essayé de rendre sa vie agréable, de lui faire oublier cette fissure quelle qu'elle pouvait être.
Caleb se pencha vers elle et l'embrassa sur la tête.

- Je l'ai toujours su. Je le sentais.

Il ne la lâcherait plus. Jamais il ne referait l'erreur de la laisser seule, jamais il ne referait l'erreur de l'abandonner alors qu'elle avait besoin de lui. Il aurait dû insister, il aurait dû lui demander plus encore ce qui s'était passé. Il aurait dû jouer son rôle de frère, il aurait dû savoir ce qui la hantait jour et nuit, ce qui la réveillait en sursaut.
Elle reprit à nouveau la parole, mais cette fois, la réaction du chocolatier ne fut pas la même. Il recula la tête, détacha ses mains du dos de sa soeur pour les poser sur les joues de sa soeur. Il ne put s'empêcher de hurler intérieurement en sentant la peau brûlée sous sa main. Il aurait dû insister, cette brûlure était la preuve suffisante pour qu'il l'encourage à lui parler, à lui avouer ce qu'il s'était passé. Elle était rentrée brûlée, courant dans sa chambre. Elle n'avait ouvert qu'à lui et il l'avait découverte comme cela. Il aurait dû lui demander au lieu de hurler de rage en son coeur contre la chose qui avait fait cela à sa moitié !
Relevant la tête de Pernelle, il ne lui laissa pas l'occasion de se cacher. Plongeant son regard vert dans le sien, identique, il fronça les sourcils.

- Ne dis plus jamais ça. Tu m'entend ? Tu es la fille la plus forte que je connaisse, tu es ma soeur et je te connais mieux que quiconque. Tu n'es pas bonne à rien. Ce n'est pas parce que tu aimes quelqu'un, que tu veux être avec cette personne, que tu es bonne à rien. Tu fais des parfums merveilleux, je ne me lasserais jamais de celui que tu m'as offert à noël. Tu es une artiste des odeurs.

Ce parfum... Caleb essayait de l'utiliser le moins possible, il avait peur de ne plus en avoir. Pernelle avait fait un travail remarquable. Lorsqu'il sentait ce parfum, il voyait la neige, les sapins verts sombre recouverts de flocons et un ciel d'un bleu éclatant. Et Pernelle. Pernelle et lui jouant dans la neige, enfants. Cette image, il la chérissait plus que n'importe quelle autre. Les jumeaux, perdus au milieu de cet océan de blanc immaculé, riant aux éclats. Seuls.

- Tu connais ces petits oiseaux qu'on appelle Inséparables ? Tu connais leur histoire ?

Pernelle n'avait pas quitté son frère du regard et vice versa. Le chocolatier voulait lui faire comprendre une chose. Un détail qui faisait d'eux ce qu'ils étaient.

- On dit que lorsqu'un de ces petits oiseaux colorés nait, un autre sort de sa coquille quelque part, au même instant. Depuis l'instant où ils ouvrent les yeux, ils sont irrésistiblement attirés l'un l'autre. Quoiqu'il puisse arriver, ils feront tout pour se retrouver. Ils sont liés par un lien invisible qui les attire comme deux aimants. Lorsqu'ils se retrouvent enfin, ils ne peuvent plus s'éloigner l'un de l'autre. Ils sont inséparables. Quand le jour vient où l'un d'eux meurt, son jumeau se laisse mourir afin de le retrouver dans la mort.

Leurs regards s'étaient unis, ils semblaient ne faire plus qu'un.

- On n'y peut rien si nos destins ne sont qu'un, on est comme les Inséparables. On s'attire l'un l'autre et ne pouvons vivre loin l'un de l'autre. Je me sens mourir sans toi. Tu as besoin de moi, mais j'ai davantage besoin de toi.

Sourire.

- Nous ne sommes bons qu'à nous retrouver, encore et encore.
Revenir en haut Aller en bas
Pernelle Grâce
La Grenouille semi-muette
Pernelle Grâce

Messages : 21
Date d'inscription : 13/02/2014

Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. Empty
MessageSujet: Re: Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous.   Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. EmptyDim 11 Mai 2014 - 15:23

Deux doigts vinrent relever son menton, la forçant à regarder en face ce qu'elle taisait depuis trop longtemps. Un frisson la parcourut de part entière lorsque les yeux émeraudes de son jumeau se noyèrent dans les siens pour lui parler. Elle l'écouta, tentant d'attraper la ferveur de ses mots pour se convaincre, elle aussi. Mais être une artiste des odeurs ne la disculpait pas d'être seule et effacée. Et cassée. Si elle pouvait lui faire sentir l'image d'eux jouant dans la neige, elle ne pouvait pas lui rendre sa sœur d'avant. Celle joyeuse, bavarde et pleine d'énergie, l'amie de tous. Cette fille avait brûlé. A jamais. Peut-être résidait-elle en enfer, à présent, comme le voulait ce prêtre.
Elle ne disait pourtant rien, ne le contredisait pas, cherchant dans ce regard qui ne fuit pas le détail, le mot, le sentiment qui penserait ses plaies intérieures. Elle connaissait l'histoire des inséparables. Mais l'entendre de sa bouche à lui ne pouvait être qu'un plaisir de plus. Tout ce qui pouvait venir de lui était plaisir et bienvenue, de toutes façons. Elle ne pleura pas à l'idée de l'oiseau qui se laisse mourir, ni même ne fut triste. Il était des plus évidents pour elle qu'elle ferait de même si un jour Caleb venait à la quitter. Ce n'était pas tragique, ni même dramatique. C'était dans l'ordre des choses. Normal.
Et les prochains mots qui sortirent d'entre les lèvres de son frère eurent l'effet d'un baume instantané. Parce qu'il avait raison. S'il était écrit que l'inséparable devait mourir une fois seul, il en était de même pour leur relation. Qu'elle ne soit rien sans lui était dans l'ordre de choses, aussi. Car l'inverse était réciproque. Lui-même le disait. Le chiffre deux ne se divise pas, contrairement à ce que prétendent les mathématiciens. Deux ou rien. Ou zéro. Ou le néant. Mais surtout pas de un. Nous ne sommes bon qu'à nous retrouver, encore et encore. Comme elle l'aimait d'avoir prononcé cette vérité. Comme elle l'aimait d'être en adéquation parfaite avec lui. Comme elle l'aimait, tout simplement. Ses pupilles vrillant toujours dans les siennes elle délia ses mains pour venir les poser avec douceur sur les joues de sa moitié et colla son front contre le sien. Leurs regards ne s'étaient pas quitté une seconde.

-A jamais. Nous. Pas de toi et moi. Pas de moi et toi. Nous.

Son nez vint faire un bisous esquimau à celui légèrement plus rond de son frère.

-Je t'aime. Chuchota-t-elle. Je t'aime et je n'aimerai que toi. Parce que tu es ma vie. Tu fais partie de moi. Depuis toujours. Tu es là. Qu'importe mes silences, mes absences et mes brûlures. Tu ne demandes rien en retour. Tu es là, tout simplement. Et je suis affreuse d'avoir pensé, ne serait-ce une seconde, pouvoir vivre loin de toi.

Ses paumes mouvèrent derrière la nuque de Caleb. Elle voudrait pouvoir vivre coller à son corps, n'avoir plus jamais à s'en défaire et se nourrir de « je t'aime » jusqu'à mourir d'amour.
Mais une culpabilité lui tordait encore l'estomac. Elle ne pouvait plus garder cela pour elle. Pas alors qu'il sacrifiait tout, qu'il se donnait corps et âme à elle. Si le fait que le Clown ait pu voir son passé caché était une trahison involontaire, le fait à présent de le lui taire était une trahison indigne de son amour. La moindre des excuses était la vérité.

-Je..Caleb je suis désolée, je t'ai trahie.

Elle raffermit sa prise, toujours accrochée à son cou, pour qu'il ne la quitte pas.

-J'ai vu un Clown, et le Clown m'a vu. Trop vu.

Elle sentait déjà la peau de son frère se pigmenter de chair de poule.

-Elle avait un talent. Qu'elle ne contrôlait pas. Ce n'est pas sa faute, elle n'a pas voulu. Mais elle a vu ce qui m'a cassé. Un peu, hein, pas tout. Mais elle a vu et pas toi.

Pernelle avait cru pouvoir se cacher tout le restant de sa vie, comme une idiote. Mais elle n'avait pas le droit de se cacher à Caleb. Car il la retrouvait, toujours. C'était faire un affront à son amour et à sa confiance que de le laisser là, dans l'ignorance. Avant même qu'il puisse réagir, dire quoi que ce soit elle le supplia du regard au silence, et se rapprocha un peu plus encore. Leurs lèvres pourraient se frôler s'il n'y avait pas cette tension.

-Elle a vu ce soir, sans toi. Quand je rentrai seule. Elle n'a pas vu cette rue de pierre déserte qu'on empruntait régulièrement. Ni le claquement de mes talons qui résonnait tant le silence était de mise. Ni même cette présence invisible qui m'inquiétait sans non plus m'inciter à fuir. Elle n'a pas vu son visage apparaître dans la nuit, ni le sourire de bienveillance qui cachait le dégoût et la folie de ses traits. Et l’innocence présumée de son costume de prêtre.

A présent sa peau aussi se teintait de picots. De peur. D'angoisse. De souvenirs. De détresse.

-Par contre elle a vu les flammes. Les flammes de son briquet qui m'ont...Juste après que sa main...Sur ma nuque. Comme ça.

Elle le serra plus fort encore, tentant de lui faire parvenir cette souffrance. Cette prise dont elle aurait pu se défaire car il n'était pas si supérieur à elle, physiquement. Mais dont elle n'avait pas pu. Figé, paralysée. Faible.

-Elle a peut-être même entendu sa voix, son mot répété : purifier. Purifier le mal. Brûler. Et les flammes. Le feu. Ma peau qui...

Elle sentait venir quelque chose d'interdit. Sa respiration s’accéléra, et elle intima son cerveau de se retenir. De rester forte. Forte pour rattraper cette faiblesse qui l'a fait accepter cette agression.

-J'ai pas pu. Elle a vu et j'ai pas pu fuir. Tout comme ce soir. Il n'était pas grand et fort. J'aurai pu fuir. Mais...Faible. Pas forte, Caleb, faible. J'ai fuis trop tard.

Elle avait chaud, comme si de nouveau le feu ravageait son visage. Il lui faudrait se dégager de son jumeau, prendre l'air. Elle ne le fit pas. A nouveau elle ne pouvait pas partir en courant. Son corps ne répondait pas. Mais là, elle s'en fichait. Elle n'avait pas de quoi avoir peur dans ses bras. Il n'était pas le danger. Mais serait-elle toujours ainsi ? Devant le danger, à l'attendre, à le subir, plutôt que de l'éviter ? Victime. Brebis qui tremble devant le loup et se résout à mourir, plutôt que de se battre.
Tremblante, elle se résout à sa faiblesse innée. Juste une fois. Juste aujourd'hui. Juste avec lui. La première larme jaillit. Elle pensa qu'un torrent allait suivre. Mais aucune autre ne se joignit à la fête. Comme si elle ne savait plus pleurer.

-Il m'a brûlé. Comme une sorcière.

Sa gorge la tiraillait et on entendait à son timbre qu'elle avait un mal fou à contrôler sa voix fragile. Plus elle parlait et plus ses mots se brisaient. A son image.

-Et moi j'ai accepté ça.

Il n'y avait de Nous ce soir là. Et regarde ce que je suis devenue. Regarde ce que j'ai fais. Comment peux-tu dire que je suis forte ? Comment peux-tu m'aimer ? Je mérite d'être brisée. Je l'ai cherché. Je l'ai voulu, faute de l'avoir refusé.
Revenir en haut Aller en bas
Caleb Grâce
Caleb et la Chocolaterie
Caleb Grâce

Messages : 25
Date d'inscription : 19/02/2014

Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. Empty
MessageSujet: Re: Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous.   Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. EmptyMar 2 Sep 2014 - 21:24

Toujours ce regard. Le sien. Il voyait ses yeux dans ceux de sa soeur, les mêmes. Identiques. Jumeaux. Front contre front, ils s'observaient. Elle parlait. Sa voix, rauque, rassurait le coeur de l'homme. Elle parlait. Souriait, heureuse.
Nous.
Ce seul mot éveillait des palpitations dans le ventre de Caleb. Nous. Ils étaient un tout et non deux corps séparés, ils l'avaient toujours senti ainsi. Un tout, unique. Pernelle et Caleb, Caleb et Pernelle. Les jumeaux. Deux côtés d'un seul miroir, d'une seule pièce. Homme et femme, mais ensemble. Nous. Cet unique mot résumait ce qu'ils étaient l'un pour l'autre, ce qu'ils étaient au regard des autres.

Caleb se sentait à nouveau entier. Elle était là, à ses côtés. Il l'avait retrouvée. Et elle l'aimait, lui et lui seul. Jaloux ? Il pourrait l'être. Sûrement. Après tout, ils s'aimaient depuis la première seconde, depuis leurs premiers pas. Lorsque leurs parents leur racontait leur enfance, ils ne parlaient que d'une chose. Loin l'un de l'autre, ils pleuraient. Toujours collés l'un à l'autre. Depuis le berceau jusqu'à ce jour au centre de cet atelier.

- Je t'aime aussi. Parce que tu es toi. Parce que tu es nous.

Sa réponse, un murmure pour elle seule, était courte. Ils n'avaient pas toujours besoin des paroles pour se comprendre. Elle savait qu'il l'aimait au-delà du possible. Sa déclaration fit cependant un bien fou à son frère. Il se sentait seul depuis qu'il était arrivé ici, la seule chose qu'il avait espéré était de la voir au plus vite. De la serrer dans ses bras, de sentir son coeur battre au rythme du sien. Et il l'entendait, tout près. Saccadé.
Il sentit alors ses mains monter derrière sa nuque, il la serra plus encore. Il ne voulait plus qu'elle parte, il ne voulait plus qu'ils se séparent. La garder près de lui, à jamais. Protecteur ? Oui. Jaloux ? Sans aucun doute. Il l'aimait, c'était tout. A en mourir.

D'autres mots sortirent des lèvres de sa soeur. Trahi ? De quoi parlait-elle ? Quelle trahison ? Elle cachait son visage, se collait à lui. Comme pour qu'il ne la fuit pas. Un clown ? Quel clown ? Il ne comprenait rien à ce qu'elle racontait. Pernelle avait rencontré quelqu'un et ce quelqu'un ne contrôlait pas son talent. C'était bien la seule chose qu'il comprenait dans son discours jusqu'au moment où il comprit où elle voulait en venir.

- ... ce qui m'a cassé.

Des frissons parcouru son corps face aux souvenirs qui le submergeaient. Ce qui l'avait cassée. Il se souvenait très bien de ce jour, de cette panique qui l'avait envahi. De ce sentiment. Et ces silences... Son silence à elle. Elle s'était presque éloignée, elle s'était fermée. Seul Caleb pouvait l'approcher. Lui parler ? Elle gardait le silence, ce silence qui lui avait fait du mal. Beaucoup trop. Qui leur avait fait du mal. Leur nous s'était fissuré, il s'était presque brisé.
Il faillit prendre la parole, la rassurer, mais son regard l'en dissuada. Elle voulait qu'il l'écoute, en silence. Elle se rapprocha encore plus près, leurs visages se touchaient presque.
Il prit sur lui et écouta sa soeur. Il écouta. Encore et encore. Les minutes s'écoulaient. Il l'écoutait parler de ce soir-là, celui depuis lequel tout avait changé. Même leur relation. Certains mots étaient cependant nouveaux, certaines phrases l'étonnaient. Le rendait furieux. Pas contre sa soeur, contre lui-même. Pourquoi n'avait-il pas insisté ? Pourquoi ne l'avait-il pas réconforté bien plus qu'il ne l'avait fait...

Elle parla d'une rue déserte, celle qu'ils empruntaient pour rentrer. Elle parla d'une présence, d'un visage, d'un prêtre. Il sentit sa soeur trembler, il savait que des larmes allaient poindre. Caleb raffermit sa prise, entourant plus Pernelle de ses bras protecteurs.
Un briquet. Un homme. Cette brulure sur son visage. Ce silence qu'elle avait provoquée. La rage de Caleb se décuplait alors qu'il tentait de la contenir. Entendre ces mots, sentir cette souffrance à travers elle... Tout ceci lui donnait envie de hurler, de se battre pour lui rendre son sourire, de rentrer à Lyon pour retrouver celui qui avait rendu sa soeur ainsi. Se battre pour elle.

Purifier le mal. Brûler. Il l'avait brûlée, il l'avait détruite, il l'avait tuée. Et il la sentait. Cette souffrance, cette peur, cette faiblesse. A travers elle. Sa respiration accélérait, ses bras commençaient à trembler, ses yeux résistaient aux larmes.
Pernelle avait encore peur. Elle était terrifiée. Cette nuit, elle ne l'oublierait jamais, elle la hanterait toute sa vie.
La larme refoulée jaillit.
Brûlée, comme une sorcière. Ce prêtre avait découvert son talent, il s'était aperçu que quelque chose clochait chez les Grâce. Ce soir-là, Pernelle s'était brisée par la faute d'un prêtre qui pensait avoir trouvé une sorcière moderne, une sorcière qu'il fallait brûler. Ce soir-là, Caleb n'avait pas été là pour la protéger, il l'avait laissée rentrer seule pour la première fois. Il l'avait abandonnée...
Une image lui revint en mémoire. La rue, le froid, lui sans Pernelle à ses côtés. Et un homme. Le jeune homme rentrait chez lui alors que sa soeur était restée avec ses amies. Et l'homme en face de lui, sur le trottoir... Le prêtre. Il l'avait croisé, regardé, observé, mais ne l'avait arrêté. Il aurait pu... Il aurait pu se retourner, aller chercher sa soeur, revenir avec elle. Et rien de tout cela ne se serait passé... Il avait laissé passer sa chance de protéger sa perle... Sa rage se décupla.

Caleb serrait sa soeur dans ses bras, son visage dans ses cheveux, comme pour la retenir, la garder près de lui pour que jamais rien ne lui arrive. Elle était sa flamme, il était son armure. Et ce jour-là, elle était sortie sans cette dernière. Son frère brûlait de rage et de remords.

- Tu ne m'as pas trahi, tu ne me trahiras jamais. Et quand bien même tu le ferais, je ne t'en voudrais pas. Je lui en veux à lui... A cet...

On pouvait entendre la colère faire vibrer sa voix.

- ...homme qui t'a brisée. Je t'ai vue anéantie, détruite, j'ai essayé de te reconstruire. Mais des morceaux sont restés sur ce trottoir.

Ses cheveux sentaient la menthe, comme toujours.

- Savoir ce qu'il s'est passé ce jour-là, aujourd'hui, est dur, parce que j'aurais pu faire quelque chose à l'époque. Mais je ne t'en veux pas, je ne t'en voudrais jamais. Cela reviendrait à nous en vouloir.

Il haïssait ce sentiment d'impuissance. Ce sentiment de n'avoir rien pu faire, même lorsque sa soeur était rentrée. Certes, elle l'avait laissé rentrer au bout d'un moment. Lui et non leurs parents. Personne d'autre. Mais elle ne parlait plus, elle ne disait plus un mot. Il était impuissant. Encore aujourd'hui. Il essayerait toujours de la protéger, il tenterait toujours de la rendre heureuse. Et il avait failli.

- Ce n'est pas de ta faute, les profanes ne sont simplement pas prêts pour nous. Ils ont un esprit si étriqué. Ils nous haïraient s'ils connaissaient notre existence.

Il releva délicatement la tête de sa jumelle pour regarder son visage. Leur visage. Il lui sourit.

- Un peu comme les X-Mens !

Elle sourit, un rire s'échappa de sa gorge quelques secondes. Il aimait la faire sourire, rire, vivre. Il l'embrassa sur le front. Douceur. Un murmure.

- J'aurais tant voulu être là... Pour te protéger...

Il la serra plus encore, craignant d'être à nouveau séparés. Il tenait à elle plus qu'à sa propre vie, elle était tout. Tout ce qu'il ne serait jamais. Tout son amour, il le lui donnait. Personne d'autre ne brillerait à ses yeux. Elle était sa jumelle, son reflet, son double. Et lorsqu'elle souffrait, il partageait sa douleur. Ce jour-là, il avait ressenti quelque chose, mais il n'avait rien fait. Il ne comprenait pas alors ce qu'il se passait, il savait seulement qu'il avait mal. Très mal.

- Tu es mon souffle, ma flamme... Et je n'ai pas su te protéger... Pardonnes-moi.

Avant qu'elle ne dise quelque chose, il enchaina.

- Ce jour-là... Je me suis écroulé dans ma chambre, incapable de bouger... J'étais terrifié alors que j'étais étendu sur le sol de ma chambre, seul. J'étais pétrifié, je ne pouvais plus émettre le moindre son... j'ai ressenti ta peur, à toi, ma jumelle. Mais je n'y ai prêté aucune attention lorsqu'elle s'est évaporée...

Ce jour-là, il aurait dû courir. Il aurait dû retrouver sa soeur et la sauver.

- Pardonnes-moi... Jamais plus je n'ignorerai tes appels...
Revenir en haut Aller en bas
Pernelle Grâce
La Grenouille semi-muette
Pernelle Grâce

Messages : 21
Date d'inscription : 13/02/2014

Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. Empty
MessageSujet: Re: Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous.   Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. EmptyJeu 2 Oct 2014 - 11:26

La colère de son frère la galvanisa d'une façon très surprenante. A mesure qu'elle le sentait bouillonner, c'est son ventre à elle qui se mettait en ébullition. Et plus particulièrement son bas-ventre. Prêt à imploser. De plaisir ? Elle cacha son visage dans les bras de Caleb pour chasser cette pensée trop gênante à son goût. Mais le fait était là : le voir rager contre son agresseur, actif, prêt à combattre le monde entier pour elle, percevoir la noirceur dans ses pupilles d’émeraude et ses lèvres se retrousser, laissant place aux canines animales, tout cela l'excitait et l'emplissait d'une adrénaline inconnue jusqu'alors. Ses mains dans sa chevelure à lui, elle s'agrippait à ce sentiment si puissant dont elle pourrait croire aisément qu'il puisse renverser le monde à l'heure qu'il était. A deux ils étaient volcan en effusion.
Il l'avait donc senti, ce soir là. Fini l'humour, bien qu'il fonctionne à merveille. Lui aussi avait eu mal. Ce n'était donc pas une légende, des jumeaux qui sont réellement reliés. La preuve était là. Il n'avait aucune idée, aucune raison de savoir ce qui lui arrivait, et il l'avait ressenti. Outre la peine de le savoir si mal, elle exultait d'avoir un élément concret sur leur fusion. Qu'on ne vienne plus lui dire que le terme âme sœur était exagéré concernant son frère et elle. Deux. Deux, deux, deux, deux, deux, eux. De nouveau front contre front, elle chuchota.

-Tu as répondu à mon appel. Tu es là.

Ses doigts vinrent chatouiller chaque partie du visage de Caleb, s'attardant tout d'abord sur ses paupières qu'il ferma d'instinct.

-Tu me vois quand je suis loin.

Puis elle les fit glisser jusqu'aux oreilles les pressant.

-Tu m'entends quand je me tais.

La pointe de ses ongles griffa presque son nez, qu'elle guérit d'un baiser esquimau.

-Tu me sens alors que je suis nue de tout parfum.

Ses paumes embrassèrent celles de confident, liant leurs mains. Elle le guida jusqu'à son propre visage, pour ensuite les faire tomber sur ses épaules.

-Tu me touches quand je fuis.

Son cœur s'emballa, et elle crut ne jamais pouvoir finir. Sa voix déjà cassée crut bien s'éteindre une fois encore dans sa dernière phrase. Quand elle caressa du bout des doigts les douces lèvres du chocolatier et qu'elle rapprocha un peu plus son visage.

-Tu m'embrasses, alors que je suis sans saveur.

Elle plaqua sa main contre sa bouche pour l'empêcher de prétendre le contraire. Elle déglutit, yeux vrillés dans les siens. Il devait l'écouter.

Laisses-moi te regarder. Ecoutes-moi de mon silence, car c'est ma manière de te parler. Là je me livre, là je reste, je ne fuis pas. Je te hurle mon amour. Je te laisse effleurer ma peau et y donner l'odeur et le goût que tu souhaites. S'il te plait, donnes-moi l'occasion de te rendre la pareille. D'être là, pour toi. Car je t'aime, Caleb. Bien plus que tu ne le penses. Même un peu trop, peut-être. Et j'aime ta colère, j'aime ta force, ta protection, ton corps qui s'agite de vouloir leur casser la gueule à tous. Hurle, tape, explose. J'aime ça.

Elle mit tout son cœur dans son regard pour le lui dire. Et ses doigts libérèrent les lèvres de son âme sœur pour venir y poser les siennes, chastement. Milles papillons s'envolèrent, , et elle se retira dans un soupir tremblant.

-Tuons-les.

L'éclat dans l'iris du jeune homme la titilla de nouveau.

-Tuons-les tous.

Elle n'était qu'à moitié sérieuse. Qu'à moitié blagueuse. Bien entendu qu'elle n'avait jamais fait de mal à personne. Pas volontairement en tous cas. Mais la haine de son jumeau la nourrissait tellement qu'elle se prenait à rêver de ce volcan qui implose et explose pour supprimer ces profanes. Et du bien que cela lui ferait à elle. De la faim assouvie que de voir Caleb exulter de rage. Elle les provoquerait, s'il le faut. Se ferait agresser encore et encore pour qu'il soit de nouveau là, collé contre elle à se consumer sous sa peau.
Elle secoua la tête, comme revenant à la raison. Etait-elle donc folle que de penser cela ? Et tout ça, ce baiser, ces mots...Qu'en penseraient ses parents ? Et les autres ? Au diable les autres ! C'était eux, deux. Elle n'avait jamais eu que lui.
Fébrile, elle se recula légèrement. Très légèrement.

-On pourrait aller danser ?

Je veux essayer quelque chose. Si je dansais avec un autre, serais-tu dans le même état ? Si je me libérais, m'aimerais-tu plus ? Je viens de m'ouvrir et jamais tu ne m'as provoqué autant de sensations. Si je m'ouvrais plus ? Qu'en serait-il ?
Je veux le volcan. Je veux te faire imploser, comme je viens de le faire pour toi. Testons notre lien. Rendons-le plus puissant. Prouvons-nous.

-Ou me donner une odeur et un goût.

Je n'ai volontairement jamais mis de parfum. Choisirais-tu le mien ? Me gouterais-tu jusqu'à ce que j'ai milles saveurs, tout comme toi ? Guide-moi. Ordonne-moi. Tu es le mâle, mon mien, ma flamme intérieur. Brûles-moi, toi, tu le peux, sans que je crie ou n'ai mal. Ce feu là, j'en aurai le plaisir et non plus la peur.


I love you
Revenir en haut Aller en bas
Caleb Grâce
Caleb et la Chocolaterie
Caleb Grâce

Messages : 25
Date d'inscription : 19/02/2014

Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. Empty
MessageSujet: Re: Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous.   Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. EmptySam 7 Fév 2015 - 12:46

Il l'avait écouté. Ou plutôt, elle l'avait empêché de parler. Pourquoi tant de frissons lorsqu'elle frôlait son corps de ses douces mains ? Les siennes étaient si caleuses... Pourquoi l'aimait-il autant ? Pourquoi cet amour allait-il au-delà de la convenance ? Mais... Depuis quand Caleb Grâce se préoccupait-il des convenances !
Il l'aimait.
Les convenances, qu'elles aillent se faire foutre. Qu'ils pensent ce qu'ils veulent, tous autant qu'ils sont, Pernelle était sa flamme. Sa jumelle. Elle était lui, il était elle. Leurs visages étaient presque identiques, seul leur sexe différait. Pour mieux les réunir. Pour toujours et à jamais, ils étaient un.
Il l'aimait.
Ils étaient un et elle venait de s'ouvrir à lui comme jamais elle ne l'avait fait. L'obligeant à se taire alors qu'elle savait pertinemment qu'elle n'avait pas besoin de l'obliger. Il aimait tant entendre sa voix, cette voix qu'il avait tant cherché ces dernières années. Depuis... Sa colère explosa à nouveau. Les flammes brûlèrent dans son ventre, dans sa tête. Il aurait voulu retrouver cet homme, il aurait voulu lui infliger le même sort... Même pire encore.

Tuons-les.

Si tu savais comme j'en ai envie, si tu savais comme je me battrais pour toi. Comme un fou. Je suis fou. De toi. Tu me rends fou quand tu es loin de moi, tu me rends fou quand tu choisis quelqu'un d'autre, tu me rends fou quand je ne te sens pas à côté de moi. Je me battrais comme un forcené pour toi. Je les tuerais tous... Pour toi. Si tu savais comme je t'aime...

- Pernelle...

Ce seul nom franchissant ses lèvres réveillait des passions en lui, il était tout. Pernelle. Elle.

- Tu es la vision que je veux avoir chaque jour.

Ses mains à lui se posèrent sur le visage de sa jumelle, caressant chaque courbe de ses doigts.

- Ta voix est la seule que je désire entendre... Ton parfum est le seul que je désire sentir... Tu es la seule que je désire serrer dans mes bras éternellement... Tu es...

Il l'aimait.

- Tu es la seule que je désire embrasser.

Tu es loin d'être sans saveur, ma flamme.

Ses mains glissèrent dans la chevelure blonde de Pernelle, caressant son cou si fin de ses pouces. Toujours collés l'un à l'autre. Leur étreinte ne finirait jamais. Ils ne le voulaient pas. Jamais. Ils s'étaient retrouvés, ils ne se quitteraient plus. Jamais l'un sans l'autre. Inséparables.
La jeune femme proposa de danser. Ou de lui donner une odeur et un goût. Caleb se rapprocha d'elle encore, ses lèvres frôlèrent les siennes avant de murmurer à son oreille.

- Tu en as déjà, une odeur. Et ton goût est exquis. Je suis simplement le seul à pouvoir les percevoir.

Car tu es mienne comme je suis tiens.

- Alors dansons, plutôt.

Caleb souleva sa soeur dans les airs, la fit tourner gracieusement. Qu'elle était belle...






[ Un peu plus court que d'habitude I love you ]
Revenir en haut Aller en bas
Pernelle Grâce
La Grenouille semi-muette
Pernelle Grâce

Messages : 21
Date d'inscription : 13/02/2014

Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. Empty
MessageSujet: Re: Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous.   Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. EmptyLun 16 Fév 2015 - 14:30

Et trois, deux, un, il prend sa main, c'est presque une évidence ! Elle est radieuse et victorieuse, prête à saisir sa chance ! J'ai tout prévu, mais n'ai rien vu, d'un amour qui commence... Ciel ! J'entrevois un drame, comment rompre le charme ? Faut pas qu'un homme et une femme, danse...

Pernelle tournait, gracieuse et légère, dans les bras de son frère. Il n'y avait pas de musique, mais en fermant les yeux elle s'imaginait sur une immense piste de danse, comme celles que contiennent les grand palais d'antan. Elle se voyait vêtue d'une robe de tissus soyeux et précieux, au jupon bouffant qui offre un spectacle à lui seul lorsqu'il valse au rythme de sa porteuse. Des bijoux de perle qui épousent sa peau, une coiffure relevée, et un maquillage discret pour embraser son danseur. Elle rêvait de tout cela dans l'étreinte de Caleb qui la faisait tournoyer dans l'arrière boutique avec le professionnalisme d'un prince. Une main qui enserre sa taille et qui la fait bouillir de l'intérieur, et l'autre dans la sienne, unis à jamais. Par les muses, qu'il était beau !
Elle aimait tout particulièrement les moments où ses pieds quittaient le sol pour simuler l'envol du cygne. Il la portait si aisément qu'elle se pensait aussi légère qu'une plume. Et cela était plutôt très gratifiant ! La parfumeuse était si bien qu'elle se laissa emporter dans ses rêveries au point de fredonner, doucement. Puis ses lèvres s'ouvrir et elle se mit alors à chanter. Le son était assez joli, cassé bien évidemment, mais harmonieux.

- Des images me reviennent, comme un souvenir tendre, une ancienne ritournelle, autrefois en Décembre....Je me souviens il me semble, des jeux qu'on inventait ensembles, je retrouve dans un sourire, la flamme de mes souvenirs !

Toujours la vue absente, elle pu néanmoins sentir Caleb sourire contre elle. Il adorait cette chanson tout autant qu'elle, et il ne fallut pas longtemps pour la rejoindre de sa voix grave.

- Un murmure, à mi-mots, que mon cœur veut comprendre.

Ses cils touchèrent ses arcades sourcilières pour venir planter son regard dans celui de son âme sœur. Un frisson la parcourut de la tête aux pieds et elle cessa de chanter, sous l'émotion. Son cœur menaçait d'exploser tant il battait vite et son esprit s'embrouillait à trop chercher quoi penser ou quoi dire. Ils dansaient toujours, mais beaucoup plus lentement et gardaient pieds à terre. Pernelle déglutit, ouvrir la bouche, espérant qu'un son sorte, puis finit par se taire.

Son cœur si fragile venait d'entamer un combat farouche avec sa raison. Les seuls mots qui se bousculaient pour sortir étaient « je t'aime ». Sauf qu'elle l'avait déjà tant dit ! Sauf qu'ils n'avaient plus la même signification et qu'elle ignorait comment le lui faire comprendre. L'intonation ne suffisait plus. Et alors qu'elle cherchait une autre expression, elle comprit toute l'horreur de ce que cela impliquait. Elle s'étrangla presque, stoppa le mouvement de valse, fit un pas en arrière, livide.
Sa morale rattrapa ses sentiments et lui insuffla une idée qui lui donna envie de vomir : le prête avait raison. Elle n'était qu'un monstre !
Tremblante, les larmes aux yeux, elle repoussa avec difficulté le jeune homme qui s'avançait, inquiet. Elle recula encore, mais il lui attrapa le visage avec douceur.

- N-Non. Souffla-t-elle.

Elle se dégagea une nouvelle fois, vrilla ses pupilles humides dans l'incompréhension de Caleb et partit en courant. Dans sa fuite, elle bouscula Ahna, qui s’apprêtait à fermer la boutique, mais ne s'excusa pas. Une fois dehors, elle fut dans un premier temps surprise de voir que la nuit était déjà tombée, ce qui la déstabilisa en plus de ne pas savoir où aller. Il saurait la retrouver chez elle, et surtout elle avait besoin d'air. Courant toujours, à bout de souffle, elle emprunta des petites ruelles, pleurant à chaudes larmes toute la honte d'être ce qu'elle était. Elle finit par trouver un petit toit plat qui donner sur d'autres, plus hauts. Elle grimpa avec difficulté et combattit le vertige naissant pour atteindre le plus élevé.
Debout, encore fébrile, elle se força à regarder le vide, persuadée qu'elle allait défaillir. Il n'en fut rien. Ce qu'elle vit ne fut pas la chute éventuelle, mais le panorama. Sublime. Une bourrasque de vent la saisit et elle ouvrit grand les bras pour s’enivrer des odeurs de l'air. Il lui en amenait des frais, inédits, et nuancés. Elle sourit, brièvement, de ce nouveau bonheur, puis craqua. Elle se mit à hurler, encore et encore, de plus en plus fort à s'en faire péter les tympans. Jusqu'à ce que son timbre se brise, une nouvelle fois, momentanément. Tout comme sa voix, ses jambes flanchèrent, et elle se laissa choir sur le toit, épuisée.Si épuisée qu'elle ne réagit pas en sentant son odeur à lui, dans son dos.



[I love you Court, mais intense, va-t-on dire  Face   ]
Revenir en haut Aller en bas
Caleb Grâce
Caleb et la Chocolaterie
Caleb Grâce

Messages : 25
Date d'inscription : 19/02/2014

Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. Empty
MessageSujet: Re: Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous.   Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. EmptyLun 16 Fév 2015 - 18:08

La porte de la boutique claqua, un juron de Ahna retentit entre les murs. Caleb ne l'entendit pas. Il ne bougeait plus. Incapable du moindre mouvement. Pourquoi... Pourquoi l'avait-elle fuit ?
Elle s'était enfuie... Que... Qu'avait-il fait de travers ? Ils s'étaient toujours comportés ainsi ensemble, ils avaient toujours été aussi proches. Toujours ? Vraiment ?
Caleb refusait l'évidence.
Cet amour entre eux, il n'était plus le même qu'auparavant. Plus naïf et enfantin. Ce n'était plus l'amour de deux jumeaux. Bien plus fort. Plus intense. Ils s'aimaient... plus encore.
L'amour pur.
Et elle s'était enfuie alors qu'il essayait de la retenir. Il avait vu cette peur dans son regard, il avait vu l'air effrayé de sa flamme. Son coeur s'était brisé en sachant que c'était sa faute. Il avait causé cette panique en elle, il était la cause de cette tempête qui faisait rage dans son esprit.
Sa faute.

Se réveillant enfin, il réagit au quart de tour. Pernelle pourrait faire une bêtise. Pernelle était seule dehors, il faisait nuit. Depuis combien de temps ? Il n'en savait rien et n'avait pas envie de savoir. Sa seule préoccupation était de retrouver sa flamme et de la calmer. De comprendre.
De s'excuser.
Caleb déboula dans la boutique, Ahna jurait encore dans sa barbe, ramassant le bol de sucettes maison qui s'était apparemment écroulé sur le sol lorsque la porte s'était ouverte. Elle se tourna vers le chocolatier, les sourcils froncés et une expression de reproches sur le visage.

- Pourrait pas se calmer ta soeur ? Quelle...

Elle n'eut pas le temps de poursuivre que l'homme lui lança un sac de farine qui trainait là en plein visage. Elle poussa un cri, jura de plus belle. Caleb se trouvait à quelques centimètres de son visage, ce qui eut pour effet de la surprendre.

- Toi, j'veux pas t'entendre. Tu la fermes. Ta grande gueule et la boutique.

Sur ces mots, il suivit les traces de sa soeur. Comment réussirait-il à la retrouver ? Ses instincts de jumeau lui dictaient qu'elle n'était sûrement pas chez elle. Dans les rues ? Sûrement. Mais elle trouverait un coin tranquille, un coin peu fréquenté. Voir pas du tout. Mais elle n'était pas allée bien loin, c'était certain. Elle venait de retrouver son frère, elle ne se serait pas aventurée bien loin. Même si elle voulait le fuir.
Elle s'était enfuie. Loin de lui.
Quand est-ce qu'il était allé trop loin ? Qu'avait-il fait pour provoquer cette peur... Cette honte...

Des cris résonnèrent dans la nuit. Plus fort de seconde en seconde. Puis se brisèrent presque aussi rapidement qu'ils n'avaient commencés. Trop tard. Caleb venait de retrouver sa soeur. Courant dans les rues, il soufflait comme un boeuf. Il devait avoir parcouru la moitié de Muzenn en moins de dix minutes...

Elle était là. Assise sur un toit, éclairée par la douce lumière de la lune. Assise, les cheveux devant son doux visage. Etait-il criblé de larmes ? Il n'arrivait à le dire. Trop loin. Pas assez pour qu'il ne ressente pas sa douleur. Il entendait son coeur palpiter, il sentait presque les rouages de ses pensées fonctionner à plein régime.
Il devait monter. Maintenant.
Cherchant par où sa flamme était montée, il fit de même. Silencieusement, il grimpa sur le toit. Timidement, il s'approcha. Il savait qu'elle l'avait déjà senti. Elle aurait pu s'enfuir, mais elle n'en fit rien. Peut-être qu'il pourrait réparer son erreur... Peut-être qu'il pourrait à nouveau la prendre dans ses bras pour la rassurer. Lui demander pardon. Silencieusement, il vint s'assoir à ses côtés, les pieds dans le vide, le regard au loin. Il ne la prit pas dans ses bras bien qu'il en mourrait d'envie. Le silence s'éternisa quelques minutes, laissant leurs pensées tourner et se retourner.
Caleb ouvrit la bouche, la referma. Il la rouvrit enfin pour prononcer un mot.

- Pardon...

Elle frissonna. Pleurait-elle ? Dans tous les cas, il ne l'entendait pas. Pouvait-il la prendre dans ses bras ? Pouvait-il la serrer à nouveau contre son coeur pour la rassurer ? Il n'osait.

- Je... J'ai fait quelque chose de mal ?

Ce n'était pas la bonne question. Il ne savait pas quoi lui dire, c'était un comble. Depuis toujours il avait su comment lui parler, quoi lui dire pour lui remonter le moral. Mais là... Ca dépassait toutes les habitudes qu'ils avaient. Leur relation venait de prendre un tournant, il le sentait bien. Et elle devait le sentir aussi.
Ce n'était plus pareil. Quelque chose avait changé. Et ils savaient tous deux de quoi il s'agissait. Ils refusaient seulement de se rendre à l'évidence. L'évidence...
Caleb se mit à chanter de sa voix de basse.

- Comme une enfant qui rêve au prince charmant, un sentiment qui trouble et qui surprend, je ferme les yeux et tout est si différent, c'est le début je le sens...

Parfois les chansons valaient mieux que les mots. Surtout celle-ci.
Sa voix s'éteignit dans la nuit.

- Dis-moi ce qui te tourmente...

Ma flamme.
Revenir en haut Aller en bas
Pernelle Grâce
La Grenouille semi-muette
Pernelle Grâce

Messages : 21
Date d'inscription : 13/02/2014

Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. Empty
MessageSujet: Re: Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous.   Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. EmptyLun 9 Mar 2015 - 10:02

Son cerveau lui hurlait de se lever. Et de prendre la fuite, encore. Ou de sauter. Après tout, c'est uniquement là qu'il ne pourrait plus la suivre. Sauf que son cœur savait pertinemment deux choses : la première qu'elle n'avait aucune envie de le fuir réellement, la deuxième qu'il sauterait avec elle. L'idée même de cette folie lui tira un nouvel échauffement qui partit de sa poitrine pour se réfugier jusque sans son bassin et elle frissonna. Comment la mort de son frère par un stupide sacrifice pouvait-elle l'exciter ? De telles pensées ne mettaient en éveil que les monstres. Elle aurait dû brûler ce jour là. Ce n'était que service que lui rendait l'homme au parfum de rose, en fin de compte.

Caleb prononça les premiers mots. Et elle fut secoué de nouveau soubresauts, prête à fondre en larme. Ce n'était pas à lui de s'excuser. Ça non. Elle seule était l'horrible personne aux horribles pensées. Mais il insista, cherchant ce qu'il avait fait de mal. Elle continuait de fixer le vide avec envie. La facilité lui tendait les bras pour faire taire une fois pour toutes ces idées dérangeantes qui relevaient de l'abomination. Elle savait que de toutes manières elle ne pourrait plus parler ce soir. Sa gorge devait se reposer. Et puis elle n'avait pas les mots. Alors autant se taire.
Et lui aussi, il ferait mieux de se taire. Parce que ça l'insupportait de l'entendre comme victime, de le voir si prévenant. Ce n'était pas lui. Les faibles s'excusent et subissent. Les forts rient et agissent. Pernelle = faible. Caleb = fort. Point. C'était une évidence.

Alors cesse de chercher ce que tu as fais. Assume-le, rit de tout cela et embrasse-moi. Prends-moi avec force et non plus avec douceur, et oblige-moi à accepter le monstre que je suis devenue. Brûle-moi d'un bûcher que je redemanderai jour et nuit. Et si tu ne peux pas, alors pars. Pars, mais avant n'oublie pas de me pousser, là maintenant. Tu peux bien sauter, toi aussi, juste après, j'en ai plus rien à foutre. Je te veux entier ou je ne te veux pas. Maintenant que mon corps ressent, je ne peux plus faire semblant.

D'un regard dur elle le fit avorter de sa chanson. Elle aimait cette musique, plus que tout au monde. Mais elle est faite de mots. Et les mots ne veulent plus rien dire, aujourd'hui. Tout est sujet à double sens, tout peut être détourné à souhait. Chacun y lit ce qu'il a envie d'y lire, ou d'y entendre. Et un matin, tu te réveilles avec ce poids sur le cœur, qui te chuchote que tu es la seule à comprendre « je t'aime » dans « je t'aime ».
Pernelle en avait fini de tout cela. Les mots ne lui avaient pas manqué durant ses années de mutisme, loin de là. Ce n'est donc pas aujourd'hui qu'elle lui dirait ce qui la tourmente. Non. Elle allait le lui montrer.
La belle blonde se jeta sur son jumeau pour coller ses lèvres contre les siennes. Elle l'emporta dans son élan à l'en faire se coucher au sol. Le baiser chaste qui pouvait encore passer pour de l'amour fraternel était loin. Elle y plaça toute l'envie interdite qui s'était diffuse en elle au cours de la journée. Son bassin pivota pour venir se placer à califourchon sur le jeune homme, afin ainsi de maintenir la prise durant l'assaut. Elle ne pourrait être forte jusqu'au bout s'il la repoussait. Il fallait donc l'en empêcher. Juste le temps de lui dire, à sa manière, ce qu'elle ressentait. Ses doigts crochetèrent avec forces les mèches rebelles du chocolatier à l'en faire mal, sûrement. Elle aussi avait besoin de douleur. De se punir. Et tout en l'embrassant, elle pleurait, diluant certainement ses larmes à sa salive. Elle aurait un goût salé, ce soir.
Enfin, elle cessa. Et se dégagea de ce corps chaud aussi vite qu'elle avait foncé sur lui.

Trois pas en arrière, tremblante, fébrile, rouge et pâle à la fois. Ses pupilles cherchaient un encrage, quelque chose à faire à présent. Elle ne savait pas ce qu'on faisait, une fois la chose montrée. Et la honte l'envahissait à en vomir. Et la haine d'avoir envie de recommencer la pliait presque en deux de douleur. Le souffle court elle reculait encore, et encore. Il n'y avait rien d'autre que le vide autours d'eux. Comment extérioriser ? Sauter ? L'idée la tentait beaucoup trop pour qu'elle soit bonne. Tout comme celle de lui sauter dessus. Mais quelle mouche l'avait donc piqué ? Doigts entremêlés dans ses racines, elle s'en tirait les cheveux. Caleb, lui, ne bougeait plus. Choqué ? Ou par peur qu'elle ne saute au moindre mouvement brusque ?
La solution numéro une de son cerveau, celle du début, refit irruption. Faute de mieux, elle la saisit. Et partit en courant.
Elle dévala les toits avec une vitesse peu prudente, atterrissant mal plusieurs fois, se faisant mal plusieurs fois. Cela lui fit du bien. Alors elle se trouva un petit cul-de-sac et un mur en pierre. Son poing se plia en boule et vint s'écraser doucement sur ce même mur. Puis un peu plus fort. Puis fort. Puis mal. Puis très mal. Puis sang. Puis craquement sinistre des cartilages. Puis cri de colère de Caleb.




[ I love you  Edition à volonté, bam bidaboum bam, je sais tu vas me tuer car ça ressemble fortement à quelqu'un I love you Mais j'aime te faire rager I love you  Et c'est méga court, navré ! Mais j'voulais pas la tuer Face ]
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé




Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. Empty
MessageSujet: Re: Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous.   Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous. Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Une évidence, une prière, une urgence, qui devient Nous.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Images - celles qui nous font sourire
» Bienvenue chez nous, vous désirez ? - RP TERMINE

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: Muzenn :: Village :: Galerie Marchande-